Monographie de 1887

mercredi 21 mars 2012
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Monographies de 1887.

A l’occasion de l’Exposition Scolaire de 1885, le Ministre de l’Instruction Publique avait prescrit à tous les Instituteurs de rédiger une description de la commune où ils exerçaient leur profession. Comme il était souvent un enfant du pays, l’instituteur connaissait le dialecte et les coutumes locales. Il recueillit les traditions locales auprès des anciens. Ces études ont été centralisées à Paris, puis réparties dans les Académies. Nous trouvons celles des Hautes-Pyrénées aux Archives Départementales. Elles sont cependant de qualité – et de taille – très inégales. Certaines font à peine quelques pages, d’autres plus de deux cents ; quelques-unes ne représentent rien de plus qu’un banal devoir sur un sujet imposé, d’autres sont tout à fait remarquables. Ces monographies, obéissent à un plan strictement pré-établi :
- 1. - Présentation détaillée et situation géographique de la Commune,
- 2. - Population,
- 3. - Chiffrer les différentes productions agricoles, éventuellement industrielles,
- 4. - Décrire les moyens de communication,
- 5. - Commerce local,
- 6. - Histoire de la communauté,
- 7. - Faire le point sur l’enseignement primaire dans la commune, depuis une étude historique jusqu’à la description minutieuse du bâtiment d’école, en passant par les problèmes d’absentéisme, de l’état de l’instruction au niveau local, du traitement de l’instituteur et même du contenu de l’armoire bibliothèque.


Cadeilhan-Trachère

Cadeilhan-Trachère, petite commune située sur la rive gauche de la Neste d’Aure, à deux kilomètres de son chef-lieu de canton, à quarante huit de Bagnères-de-Bigorre et à soixante huit de Tarbes, se trouve sur une partie escarpée du pic de Lumière.

De cette position on jouit de la vue du beau panorama qu’offrent le plateau de la vallée d’Aure et les beaux paysages qui l’entourent. C’est surtout de la maison d’école que l’on jouit de ce beau point de vue, car de là ou aperçoit presque tout les villages du canton.

La commune de Cadeilhan-Trachère, dont la superficie est de 518 hectares, 1 are, 34 centiares, est borné à l’est par les communes de Saint-Lary et de Tramezaygues, à l’ouest par la montagne de Vignec, au nord, par la commune de Vignec et au midi par celle d’Aragnouet.

Les vastes pelouses qui se trouvent sur les montagnes de cette localité, permettent à ses habitants de nourrir de nombreux troupeaux de vaches et de brebis ce qui constitue leur principale ressource, les terrains en pente ne donnant qu’un médiocre rendement.

Les roches schisteuses et les roches calcaires abondent dans le territoire de cette commune qui renferme quelques gisements inexploités de plomb argentifère et d’antimoine.

La pierre de taille et l’ardoise abondent dans certains points de ce territoire, mais on ne les exploite presque pas.

Le climat de Cadeilhan-Trachère est frais. Son altitude est de 885 mètres. La couche annuelle de pluie est en moyenne de un mètre. La température moyenne de l’hiver est de 5 degrés avec des extrêmes moins 11, celle de l’été est de 25 degrés avec des extrêmes de 28.

Parmi les vents dominants, celui du Sud-Ouest est le plus fréquent, c’est celui qui, dans toutes les saisons, amène les pluies et dans l’été parfois des orages. Un de ces orages détruisit au mois de juillet 1719 quatre maisons de la section de Cadeilhan et fit périr quelques habitants de cette localité.

Le vent du nord-ouest est d’un froid piquant, il est probablement cause que jamais aucune épidémie n’a causé de ravages dans cette localité.

La population de Cadeilhan-Trachère était de 163 habitants d’après le recensement de 1881, elle est de 151 d’après celui de 1886.

Ce chiffre tend à diminuer à cause de l’émigration des jeunes vers les villes. La commune de Cadeilhan-Trachère est formée de deux sections, celle de Cadeilhan est peuplée de 77 habitants, (14 ménages) ; celle de Trachère, de 74 habitants (15 ménages). Le Maire et le garde-champêtre demeurent à Cadeilhan. L’Adjoint et le valet commun, à Trachère. Il y a cinq membres du Conseil municipal à Cadeilhan et cinq à Trachère.


La maison d’école est à Cadeilhan.

Cette commune est desservie, pour les cultes par le desservant de Vignec ; pour les finances, par le percepteur de Vielle-Aure ; pour les postes et télégraphes, par le bureau de cette dernière localité.

La valeur du centime communal pour l’année 1887 est de 3 francs et 4 centimes.

Les revenus ordinaires de la commune sont constitués par le produit de la vente des herbages de certains quartiers de la montagne, et par des rôles de pacages. Il y a aussi parfois quelques coupes de bois dans les forêts indivises avec Aragnouet.

Le terrain de Cadeilhan-Trachère produit annuellement 40 hectolitres de froment, 100 hectolitres de seigle, 15 hectolitres de haricots, 20 hectolitres de maïs, 2 hectolitres de pois, 6 hectolitres de fèves, 400 hectolitres de pommes de terre, 2500 quintaux métriques de foin, 500quintaux métriques de regain et 2000 de paille.

La pomme de terre constitue la principale culture de cette localité où l’on fait toujours usage des procédé primitifs.

Les forêts de Cadeilhan-Trachère, indivises avec Aragnouet, et soumises au régime forestier, contiennent du pins, du sapin, du hêtre, du bouleau, du tilleul et du buis. Elles donnent en abondance du bois de chauffage.

Les habitants de Cadeilhan-Trachère conduisent annuellement 21 vaches, 1783 moutons ou brebis, 6 ânes, 4 chevaux dans les pâturages communaux qu’on ne peut guère reboiser sans nuire aux intérêts locaux.

Les chasseurs de Cadeilhan-Trachère tuent pendant l’hiver quelques lièvres, des renards, des blaireaux, des chats sauvages est des fouines.

Un seul chemin traverse cette commune, c’est l’ancien chemin de Vielle-Aure à Tramezaygues, très étroit, peu uni, et ayant dans certains points une pente très forte.

A Vielle-Aure on trouve des voitures pour Arreau avec correspondance jusqu’à Lannemezan, station des chemins de fer du Midi.

Le commerce local est peu important ; les volailles le beurre, les moutons, le bétail à cornes sont les principales ressources de l’exportation.

Il y a des marchés à Arreau, des foires à Vielle-Aure, à Guchan, à Guchen, à Ancizan, à Arreau et à sarrancolin.

Les anciennes mesures encore en usage dans la localité sont : pour les longueurs, la canne, l’empan et le pouce.

Pour les surfaces, la couperade, qui vaut 1 are 82 centiares, et la pugnère qui est la seizième partie.

Pour mesurer les céréales on se sert du coupeau, de l’aymit et du quarte ; et enfin, pour les poids, on compte par quintaux de 50 kilogrammes par livres de 500 grammes et par onces ; l’once est la seizième partie de la livre.
- Cadeilhan (kac : haie, clôture ; dilamn : qui s’étend).
- Trachère (Tra : tras, au-delà ; chère : siera, montagne).


Cadeilhan-Trachère appartenait autrefois au diocèse de Comminges, au sénéchal des Vallées, dépendait du parlement de Toulouse et de la généralité de Montauban.

En 1473 les habitants de cette localité furent volontairement réunis à la couronne et payaient un fief de 10 livres, 9 sous, 6 deniers.

Ils administraient eux-mêmes leurs biens communaux, ainsi que le prouvent quelques vieux parchemins déposés aux archives de la mairie.

Costumes d'époque (18 et 19ème) - JPEG - 8.5 ko L’idiome patois que l’on parle encore aujourd’hui, est le même que celui qu’on parlait autrefois. Les modifications ou changements en sont presque imperceptibles.

Les habitants de Cadeilhan-Trachère, localité essentiellement pastorale et agricole, sont affables, hospitaliers, actif et très sobres ; le laitage est la base de leur alimentation.

Les bergers et les pâtres portent pendant le mauvais temps, le manteau appelé communément montoe.

le capulet - JPEG - 7.3 ko | le capulet long - JPEG - 10.3 ko | Le travail à la ferme - JPEG - 13.6 ko | Le battage au fléau - JPEG - 11.5 ko |

Les femmes portent un mouchoir sur la tête et souvent un capulet en laine fine, blanc, rouge ou noire.

Cadeilhan-Trachère possède une vieille église qui n’est remarquable que par la pureté de son style ; elle appartenait aux chevaliers du Temple. Tous les habitants professent le culte catholique.

Les archives communales contiennent quelques parchemins relatifs presque tous à des transactions, pour pacages, faites entre consuls de cette localité et ceux de Vignec, de Soulan et d’Aragnouet.


Antérieurement à 1840, Cadeilhan-Trachère était sans école. Depuis cette époque il y a une école mixte dirigée par un instituteur.

La maison d’école, construite pendant les années 1884 et 1885, se trouve sur un point dominant, d’où l’on aperçoit la gracieuse vallée d’Aure et ses belles montagnes.

La salle de classe et le logement de l’instituteur répondent au besoin du service.

L’école de Cadeilhan-Trachère est peu fréquentée du mois d’avril au mois de décembre, les enfants étant occupés à la garde des troupeaux et aux travaux de la campagne.

Malgré cela il y a peu d’illettrés dans cette commune. Depuis de longues années tous les jeunes gens, à l’époque de leur tirage au sort, savent lire et écrire.

Un seul mariage a été contracté en 1886, un espagnol et une espagnole ; le mari seul a pu signer son nom.

Les ressources des habitants et de la commune de Cadeilhan-Trachère ayant été absorbées par les constructions récentes, on n’a pu établir ni caisse des écoles, ni caisse d’épargne, ni bibliothèque scolaire. On ne peut donc pas, quant à présent du moins, demander de nouveaux sacrifices à cette localité en vue de créer ces institutions si utiles.

L’instituteur de Cadeilhan-Trachère, C. Devant Source : Archives Départementale des H. Pyrénées

Costumes aurois par François Marsan - JPEG - 8.7 ko Le costume Aurois à travers les âges par François Marsan


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